Grève ouvrière

Citoyen Nombre de messages : 121 Date d'inscription : 06/10/2006

En fin de journée du Lundi 12 Février, le Ministre de la Finance et de l'Economie, Florian Mestoral passa comme chaque soir devant l'usine principale de la Nord Motor Company, dont il était le gérant au nom de l'Etat. Comme chaque soir, il venait en automobile se garer devant le bâtiment. Mais ce Lundi 12 Février, quelque chose d'anormal se produisait : devant le bâtiment, une centaine d'ouvriers scandaient avec rage en portant des panneaux et des banderoles. Ils manifestaient contre la réforme inhumaine qu'avait imposé le Ministre.

Le nombre de manifestants augmentait au fur et à mesure que le temps passait. Bientôt, leur nombre doubla et Florian Mestoral, impuissant quitta en vitesse les lieux de peur d'être attaqué.

A la fin de la journée de travail, les manifestants, qui n'avaient pas travaillé de l'après-midi quittèrent avec les autres ouvriers, qui étaient eux, restés travailler, l'usine Nord Motor Company. Tous avaient l'espoir d'améliorer leur situation et tous pensaient au lendemain : ils continueront leur manifestation avec encore plus d'insistance.

Le Ministre de la Finance et de l'Economie avait évidemment prévenu le Palais Impérial de ce petit problème. Lorsque l'Empereur Nelbin Ier recu la nouvelle de ces manifestations, le choc fut grand et sa fureur terrible :

Comment osent-ils ? demandait-il avec rage à son conseiller qui n'osait pas prononcer un mot.

La Nord Motor Company est une des fiertés de l'Empire ! Et ces vulgaires salariés osent arrêter de travailler sans honte et sans peur de leur acte ?

Tremblant de tout ces membres, le pauvre conseiller hocha lentement sa tête en regardant ses pieds.

Trouvez une solution. Montrez à ces vauriens que l'on ne joue pas avec mes nerfs. Demain, je veux tous les voir à leurs postes.

Plus tard dans la nuit, des affiches furent collées sur les murs de l'usine Nord :

Citation :: Ordre Impérial du Gouvernement de Sa Majesté

Ouvriers dastorniens ! Au nom de la prospérité de l'Empire et pour votre propre bien, il est ordonné de cesser toute manifestation. Il est également ordonné de ne plus commettre d'arrêts de travail volontaires, de respecter les règles dans l'Usine et de respecter la nouvelle réforme.
Les ouvriers qui ne prennent pas notice de ce communiqué seront sévèrement punis.

Le Gouvernement

Le 12/02/07 à Novama

Tôt dans la matinée, avant l'arrivée des travailleurs et des probables grévistes, prés de deux cents bouddhinstes s'étaient rassemblés devant l'usine, assis à terre comme à leur habitude, en protestation contre l'inhumanité des méthodes de travail et pour montrer leur solidarité avec les grévistes.

Quelques heures après, les ouvriers arrivèrent et furent étonnés de voir les bouddhinstes à leur côté. Mais ils furent encore plus étonnés et effrayés lorsqu'ils virent les affiches placardées à l'entrée de l'Usine. N'étant pas aussi courageux que les bouddhinstes, qui étaient eux plutôt inconscients, les ouvriers se mirent au travail et ne montrèrent aucun signe de dissipation.

A midi, quelques gendarmes arrivèrent sur les lieux. Ils avaient recu l'ordre de nettoyer la rue. En effet, les bouddhinstes avaient réveillés la curiosité des passants qui s'arretaient pour voir ces drôles de personnages. L'un des gendarmes, sûrement un officier, toisa les bouddhinstes assis par terre et leur communiqua l'ordre :

- Le manifestation est terminée. Quittez immédiatement les lieux ! Vous génez les ouvriers, les passants et surtout, l'Empereur !

Pendant quelques minutes, les bouddhinstes ne réagirent aucunement, ce qui énerva l'officier. Ils restaient assis à terre, sans bouger, ne regardant même pas les gendarmes. C'est alors que, comme un seul homme, ils se levèrent, firent quelques pas et se rassirent, le long du mur de l'usine; Puis l'un d'entre eux se leva et s'exprima.

Nous ne dérangeons plus les passants désormais. Nous ne gênons pas les ouvriers car d'ici ils ne nous voient pas. Mais nous, nous sommes dérangés que l'homme soit rabaissé au rang de l'outil. Nous resterons ici, par l'usage du droit de rester en un lieu public, jusqu'à ce que la condition ouvrière soit améliorée, ou que les ouvriers grévistes manifestent explicitement leur accord avec la réforme.

Après ces paroles, il s'assit une nouvelle fois à côté des autres.

Fou de rage et ne pouvant plus supporter la provocation des bouddhinstes, l'officier répliqua au groupe :

-Vous ne dérangez peut-être plus les passants, ni les ouvriers mais vous dérangez toujours l'Empereur, et c'est cela le plus grave ! Je ne voulais pas en arriver là mais si vous ne déguerpissez pas dans les secondes qui suivent, c'est par la force que vous quitterez ces lieux.

Un autre bouddhinste se leva à son tour et rétorqua au gendarme :

- En quoi le fait que nous nous asseyions ici puisse gêner Sa Majesté l'Empereur ?

Des badauds s'agglutinaient, de plus en plus nombreux, curieux de comprendre ce que les gendarmes pouvaient bien vouloir aux bouddhinstes.

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En fait les ouvriers étaient bel et bien conscients de ce qui se passait au dehors. L'un deux, un dénommé Gasav Jolsak, avait en effet entendu ce bruit qui venait de la rue et il avait décidé d'interrompre temporairement ses activités pour jeter un coup d'oeil dehors. Il passa avec facilité les surveillants de travail sans être vu et découvrit avec émerveillement que les bouddhinstes étaient toujours là, malgré l'arrivée de quelques gendarmes. Evidemment, trop habitué à son ancienne manière de travailler, il n'avait pas tout de suite réfléchit au problème que causait son absence dans la chaine de montage. Les ouvriers de son groupe de travail arrivèrent à ses côtés pour lui rappeler ses obligations, mais eux aussi découvrirent l'agitation qui régnait dehors et oublièrent aussitôt leur travail. Gasav prit la parole pour encourager les autres à continuer la grève :

- Z'avez vu ? Nos amis les bouddhinstes sont t'jours là ! Continuons les manifestations et montrons au Gouvernement que nous ne sommes pas des simples outils d'production !

Choqué par les propos de Gasav, un ouvrier s'inquiéta :

- Mais t'sais bien qu'l'Empereur va nous punir si on continue, t'as vu les affiches toi aussi !

- Saperlotte ! Tu pense pas qu'ils vont vraiment nous punir, z'ont besoin d'nous pour la production ! Moi j'dis on a nos droits et faut qu'on s'fasse respecter ! Moi je dis faisons la GREVE !

Et c'est ce qu'ils commencèrent à faire malgré l'avertissement du Gouvernement et la présence de gendarmes. Ils sortirent d'un coup de l'Usine, le sourire aux lèvres et les pancartes à la main. Les bouddhinstes ne purent retenir leur surprise en voyant cette masse d'ouvriers sortir sans crier gare. Les gendarmes, eux, furent tellement choqués qu'ils n'osèrent même pas dire un mot.

A ce moment de la journée, Novama entendait les cris de protestations des 2200 manifestants. Des cris de rage, de détresse et d'espoir pour un meilleur monde.

La journée prit fin et la grève avec. C'était un échec cuisant pour l'autorité impériale. Mais la Gendarmerie préparait sa riposte pour le lendemain...

Le lendemain, tôt dans la matinée, les grévistes étaient de nouveaux là, devant l'usine. Cette fois, ils étaient plus nombreux et plus déterminés que jamais. Les bouddhinstes étaient eux aussi à leur poste, assis sur le sol.
Puis à 14 heures, 500 gendarmes arrivèrent sur les lieux. Ils firent déjà partir les badauds et installèrent des barrières dans la rue pour ne pas laisser l'accès aux passants, qui devaient désormais effectuer un détour. Puis sans dire un mot aux manifestants, qui continuaient à hurler et à scander des chansons anti-capitalistes, les gendarmes encerclèrent étroitement les manifestants puis se postèrent en position défensive. Les ouvriers grévistes, curieux de comprendre pourquoi les gendarmes n'agissaient pas continuèrent tranquillement leur manifestation.
Les gendarmes n'avaient eu qu'un ordre : "A l'heure donnée, passez à l'acte.".

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Les ouvriers, encerclés, commencèrent à se poser des questions. Pourquoi les gendarmes laissaient les manifestants continuer leur grève ? Devaient-ils juste surveiller la manifestation ? Gasav Jolsak qui avait réussi à rallier des ouvriers d'autres usines à la cause gréviste, se demanda s'il ne fallait pas tenter quelque chose pour aussi rallier les gendarmes à leur cause ouvrière. Aidé par ses camarades, il monta sur la statue de Henry Nord qui trônait devant l'usine et se mit à crier à la foule de se taire. Lorsque le silence vint, il prit la parole :

Camarades ! Merci d'être venus si nombreux ! Merci aux ouvriers de l'Usine Nord, de l'Usine Kinster et aux bouddhinstes d'être ici pour montrer que nous voulons tous de meilleurs conditions de travail ! Mais comme vous pouvez l'voir, on a des invités.

Il se tourna vers les gendarmes qui ne semblaient pas écouter.

M'sieurs les gendarmes, vous êtes aussi issus de la classe ouvrière, vous avez aussi connus des moments difficiles à l'usine, mais aujourd'hui c'est bien pire. A cause de la nouvelle réforme mestoraliste qu'on nous a imposé, le travail d'ouvrier s'est considérablement détérioré. Beaucoup d'entre nous avons les bras totalement déchirés à cause des mouvements répétitifs qu'ils nous obligent à faire. Nous nous sentons humiliés, réduits à la taille d'outil pour améliorer la production. Mes frères, rejoignez nous ! Ne vous laissez pas duper par l'Empereur ! Aidez nous !

Toute la foule de manifestants s'étaient tournés vers les gendarmes qui semblaient être anxieux.

Un des gendarmes se leva alors comme s'il voulait parler. Il regarda Gasav Jolsak. De ses yeux coulaient quelques larmes. Puis avec une rapidité incroyable, le gendarme prit son fusil et tira trois coups de feu sur l'ouvrier qui s'écroula, touché à l'épaule. La foule de manifestants hurla de terreur, ils tentèrent d'échapper à ce piège en courant vers les barrières. En vain. Les gendarmes ouvrirent le feu en tirant au hasard sur les manifestants qui se défendaient à coups de pavets. Puis sentant les manifestants impuissants, les forces de l'ordre chargèrent sur la foule pour l'immobiliser totalement.

C'était un véritable succès pour la Gendarmerie Impériale qui avait réussi à mater cette manifestation en moins de 10 minutes. Les manifestants comptaient 141 morts et 1250 blessés parmis les 2800 manifestants. Le reste avait déjà été emmené au Commissariat le plus proche.

Sur les cent vingt bouddhinstes présents, quelques un furent légèrement blessés, protégés par leur impassibilité, les gendarmes n'ayant eu aucune raison de tirer sur des hommes à terre, mais quatre furent tués par des balles perdus. Ils furent tous embarqués par les forces de l'ordre, littéralement transportés car ils ne bougeaient pas, toujours passifs, tandis qu'ils pleuraient en silence devant la violente répression policière.

Florian Mestoral fut terrifié le lendemain lorsqu'il apprit la nouvelle du massacre. Il ne pensait pas que la répression était la meilleure chose à faire face à cette grève. L'Usine Nord était vide et la production était provisoirement annulée. Florian marcha en silence derrière les barrières. La statue de Nord était décorée d'impacts de balles. Le sang et la mort se faisaient sentir ; Florian préféra partir.

En fin de journée, la rue était aussi propre qu'avant et les piétons pouvaient à nouveau emprunter la "Rue Lenry Nord". Seul l'usine deumeurait déserte. Mais Florian Mestoral avait déjà mis en oeuvre le recrutement de nombreux ouvriers qui remplaceraient les anciens, futurs pensionnaires du Fort Valatraz.