Le Ministère du Savoir et de l'Enseignement organisa un congrès trés spécial où furent réunis les psychiatres "assermentés par le ministère", c'est-à-dire des psychiatres que le ministère du Savoir avait reconnus comme étant "de bons psychiatres", selon les critères du Gouvernement Provisoire, bien entendu.
A l'ordre du jour était la psychose, pathologie sur laquelle le Professeur Rikk désirait faire une proposition.
- Camarades docteurs et professeurs, commença le doyen Dr Ernast Doper, comme nous le savons tous la psychose est trés vague. Ses psychopathologies sous-jacentes sont parfois trés nuancées. Seul le mental de l'homme est capable d'autant de diversités malsaines. *rires* Mais dans tous les cas, nous savons distinguer les manifestations psychotiques brèves ou prolongées par l'altération plus ou moins affirmée de la réalité par le patient, accompagnées de délires, d'hallucinations. Le malade touchée par l'anosognosie pathologique à cette maladie n'a la capacité de s'apercevoir par lui-même de ses symptômes. Veuillez excuser cette introduction qui avec quelques pincements au coeur nous rappelle à tous nos cours à l'université ! *rires* Professeur Rikk, je vous laisse la parole.
- Merci Dc Doper. Vous m'avez rappelé ces heures à bachoter toute la nuit le nez dans une pile de livres, je vous revaudrai ça ! *rires* Bien, reprenons plus sérieusement. Le malade ne perçoit donc pas la réalité comme une personne normal, et se renferme dans sa réalité illusoire. La paranoïa par ses idées délirantes d'oppression est une psychose. Lorsqu'un homme subit une déformation psychotique du réel, il peut se retrouver dans l'obligation de vouloir lutter contre ce réel, s'il ne correspond pas à ses valeurs, ou plus généralement à l'évidence de ce qui doit être. L'individu en devient ainsi subversif par sa volonté de changer "son réel", qui est en fait une illusion. Mais il ne le sait pas, et ne peut le reconnaitre... Cette état ne peut être engendré que par le sentiment d'oppression, donc de la paranoïa. Il faut une oppression pour créer la volonté subversive, car l'individu est atteint, menacé. Il se doit alors de se défendre et en devient subversif.
La plupart des psychiatres approuvèrent de signes de tête les explications de leur confrère.
- Il existe ainsi un nouveau sous-caractère psychotique engendré par l'état de psychose et ses délires paranoïaques, dont je vous livre sa brève définition :
"Psychose paranoïaque subversive : tendance à vouloir réformer l'ordre établit par déformation du réel et donc incapacité de prise de conscience du bien-fondé du dit-ordre."
Les psychiatres acclamèrent leur confrère "assermenté par le ministère", à la plus grande joie du Gouvernement Provisoire...