Convocation de M.Malvino au Ministère

Joseph entra dans le bâtiment du Ministère. Il connaissait très bien le lieu pour y avoir eu beaucoup de connaissances au temps de l'Empire.
Il interpella le premier fonctionnaire qu'il croisa.

Bonjour, je me nomme Joseph Malvino. J'ai recu ce télégramme qui me demande de m'adresser au Ministère de l'Intérieur.

Il présenta le papier au fonctionnaire :

Citation :: Veuillez conduire M. Malvino au ministère de l'intérieur afin qu'il rédige ce dont il doit avoir pour continuer à exercer sa citoyenneté dastorniane... (religion, papiers à régler...)

Le Secrétaire National du Ministère des affaires intérieures, délégué à la nationalité

Que dois-je faire exactement ?

Joseph attendait encore et toujours qu'on le prenne en charge. Il avait hâte de retrouver sa citoyenneté dastornienne et de pouvoir enfin rentrer chez lui.

Y a t-il d'autres formulaires et documents à remplir ?

Joseph attendait toujours...

Il s'adressa au fonctionnaire qui semblait trop occupé pour s'intéresser à lui :

Monsieur, je vous prie d'examiner mon cas ! Je suis dastornien d'origine et je souhaite simplement retrouver ma nationalité ! Le Ministère m'a convoqué ici, vous vous devez de me prendre en charge.

- Hey ho, doucement ! La servitude c'est finit, nous sommes dans un pays libre et le peuple n'obéit plus au doigt et à l'oeil des bourgeois ! lui répliqua le fonctionnaire, visiblement courroucé de l'impolitesse du bougre. Non mais. Bon asseyez-vous. Il regarda son dossier, tandis que deux gardes rouges avaient faits leur apparition derrière le Joseph Malvino. J'ai quelques questions à vous poser. Pourquoi avez-vous fui le pays ? Pourquoi revenez-vous ? Où étiez-vous durant votre exil ? Que faisiez-vous alors, et quelles étaient vos relations ? Que... Se rendant compte qu'il enchainait les questions, il s'arrêta. Veuillez répondre clairement et sans omettre de détails.

EL / Il faut savoir attendre quelques jours voyons, nous ne pouvons pas forcément nous connecter systématiquement. Puisque tu sembles pressé (ce que je comprends toutefois) je vais commencer par m'en occuper à la place de Mao Zekong, jusqu'à ce qu'il soit là / EL

La réponse du fonctionnaire le surprit et le déstabilisa un court instant. Joseph comprit qu'il n'était plus en situation de force dans ce pays, les choses avaient changé et les individus de son rang inspiraient désormais plus de mépris que d'admiration. Face aux risques encourus, Joseph préféra la discrétion et la collaboration. Il s'agissait de se fondre dans la masse, tel un caméléon.

Bonjour .... Camarade ! lanca t-il d'abord avec hésitation, puis avec conviction.

Je travaillais dans l'industrie avant mon départ (Il prit soin de ne pas mentionner à quel échelon de l'entreprise il se situait.) On m'a chargé de visiter certains pays pour étudier le fonctionnement des entreprises à l'étranger. Un voyage à caractère strictement professionnel, mais qui fût très enrichissant ! Je n'ai donc pas grand chose à déclarer sur ce sujet, à moins que vous souhaitiez connaitre les méthodes de production des entreprises mnibétaines.

Il tendit à son interlocuteur un document d'une trentaines de pages. Les gardes, comme effrayés à la vue de ces chiffres et statistiques incompréhensibles, s'éloignèrent de quelques pas. Ils continuèrent tout de même à garder un oeil sur Malvino. Ce dernier, un sourire au coin de la lèvre, fixait son interlocuteur.

EL : Oui, mais j'ai quand même attendu trois jours ! /EL

L'homme chargé de son interrogatoire resta impassible. Il ouvrit le document, le feuilleta rapidement en survolant les pages, puis le reposa devant lui.

- Il est étrange que cette mission vous fut donnée juste au moment de la révolution... Il considérait alors cela comme un alibi... Qu'avez-vous à répondre à cela ? Vous dites "certains pays", mais à part le Mnibet, quels autres pays avez-vous visité ?

Joseph ne se déstabilisa pas et répondu sur le ton le plus naturel possible.

Et bien, c'est ce que l'on appelle un hasard. Mais bien sûr j'y vois tout de même une cause : les grèves et les conditions de travail difficiles des travailleurs à cette époque nous ont poussé à vouloir reconsidérer notre système de production au sein de l'entreprise pour un plus grand bien être des ouvriers. Je me suis porté volontaire car c'est une question qui me touche à coeur.
Je suis parti quelques jours après le Vendredi Rouge, qui m'avait profondément choqué et plus que tout motivé dans la poursuite de mon travail. Je n'ai ainsi pas pu assister à la ... glorieuse ... Révolution qui a accompli à ma place les changements que je voulais effectuer dans l'économie.

Pour ce qui est des pays visités, je suis essentiellement resté dans la Terra Nova.

Le fonctionnaire resta silencieux.

Cela vous suffit-il ? demanda Joseph sur un ton de reproche, agacé par cet interrogatoire sans fin.

Il était un peu plus confiant. Il sentait avoir été convaincant. Le fonctionnaire ne pouvait tout de même pas refuser le retour d'un dastornien dans son pays natal !

- Mouais... "Trop beau pour être vrai" se dit-il Quels pays avez-vous précisément visité ? Donnez des noms. Quelles furent vos relations ?

Le Ministère commencait à se vider, le soir tombait, mais Joseph était toujours là, assis devant cet "homme".
Il avait déjà était interrogé de la sorte dans le passé mais généralement, son charisme ( et plus souvent encore, une liasse de billets ) lui permettait de se sortir de ces situations comprometantes.

Excusez-moi, mais qu'est-ce que ça peut bien vous apporter ? Je suis allé au Mnibet, en Russlavie, en Edoran, je suis également passé par les territoires d'influence de ces pays. Mes "relations" sont des petits entrepreneurs, des travailleurs, des ouvriers que j'ai rencontré sur place et dont les noms ne vous diront rien.

Il avait dit la vérité, trop fatigué pour se justifier.

Ecoutez, vous semblez avoir très peu confiance en moi. Je comprends tout à fait que vous ne faites que votre travail, mais je peux vous assurer que je ne représente en aucun cas un danger pour la nation. Dastornia est mon pays, le pays que j'aime, et comme je l'ai évoqué dans ma fiche de naturalisation, je ne souhaite que le bien de mon peuple. Vous perdez votre temps et le mien. Je veux simplement rentrer chez moi.

- Ici, c'est moi qui pose les questions, qui décide de l'utilité de votre convocation et si je dois vous croire ou non, répliqua-t-il sèchement.

- Bien bien bien, dit-il ensuite en prenant note des déclarations. Votre déposition fera partie de votre dossier. Notre système de renseignement est transparent et démocratique, rassurez-vous, il s'agit d'un simple dossier procédurier à votre sujet, étant donné votre "exil" louche pouvant vous inculper pour crime de malpensée. Ce dossier sera détruit d'ici peu, juste le temps de nous assurer de votre bonne foi, mentait-il.Vous pouvez disposer. N'oubliez pas d'adhérer à un parti ou à créer le votre, la loi vous y oblige. Bonne journée monsieur Malvino.

Après sa sortie, il précisa à un officier : "Qu'on le garde à l'oeil..."

C'est avec un grand soulagement qu'il quitta le bâtiment.
Il se rendit rapidement au centre ville d'Orion retrouvant avec plaisir sa ville natale.
Alors qu'il se dirigeait vers son quartier, il songea à ce qui venait de lui arriver. Le nouveau régime ne se sentait décidemment pas en sécurité.
Joseph décida de se tenir à carreau, et d'éviter le plus d'ennui possible...

Le Ministre reçut le rapport concernant l'interrogatoire. Il le lut avant d'ordonner :

-Envoyez 6 gardes de sureté à sa poursuite. Ne le perdez pas de vue, espionnez le seulement, où qu'il aille, quoi qu'il fasse. Il se pourrait que ce soit un militant de l'empire qui voudrait détruire Le nouvel ordre national !

Mao s'agrippa à son haut fauteuil noir, dissimulant un grand rideau rouge qui couvrait la nouvelle peinture "écarlate" du bureau ministériel...