La police chez Feodor Manfred

La soirée était bien avancée sur Novama, les ouvriers rentraient chez eux, aprés avoir pour beaucoup profité de la diminution du temps de travail en fêtant la révolution dans les débits de boissons. Un léger brouillard plongeait la ville dans le silence et la torpeur.

Maison de Feodor Manfred vers 20h00. Deux hommes vêtus chaudement et amplement, voilant leurs visages sous de larges chapeaux, frappèrent à la porte. L'on vint leur ouvrir.

- Bonsoir, Police de la Nation Libre. Nous avons des questions à vous poser.

Manfred avait vécu ces jours de la naissance de la nouvelle Dastornienne en observateur, bien qu'il soit un fervant socialiste, il n'avait jamais voulu qu'on renverse la monarchie et qu'on plonge le pays dans un bain de sang, d'ailleurs il n'approuvait pas du tout les méthodes de Valezo et voyait en lui le potentiel d'un dictateur...
Il était entrain de lire quand on frappa à sa porte, un peu las d'être interrompu dans sa lecture, il se releva et à pas lents que les frappes pressés, il se dirigea vers la porte qu'il ouvris pour découvrir deux hommes prétendant être de la police. Manfred ne fut que peu étonné par cette visite. Il fut gouverneur sous l'Empire déchu et cela pouvait bien passer pour de la trahison aux yeux de révolutionnaires à tendance trés paranoïaque. Puis esquissant un sourire un peu forcé il dit:

"Bonsoir camarades, je suis à votre disposition, mais d'abord entrez."

Il fit signe aux deux policiers d'entrer.

- Merci camarade citoyen. Ils entrèrent, et prirent place à une table, sans prendre la peine de retirer leurs chapeaux. Ils n'avaient pas l'air trés gais, assez secs même. L'on ne savait vraiment pour quelle raison ils pouvaient être là. Vous êtes bien aimable de coopérer. Commençons donc. Quelles furent vos activités du premier juin dernier jusqu'à aujourd'hui camarade citoyen ?

Manfred remarqua l'air sinistre de ses deux visiteurs et ça ne lui disait rien de bon, il s'efforça pourtant de rester calme et accueillant. Il prit donc une chaise et s'assie à la table à côté des deux policiers puis dit:

"Et bien...

Il s'interrompit pour sortir de sa poche son paquet de cigarettes dont il tira une qu'il alluma. Aprés avoir tiré une latte il repris:

"Et bien vers la fin Mai je suis partie en voyage à l'étranger, pour quelques enquêtes journalistiques... Puisque je suis journaliste à "la voix du Peuple" du camarde Falos Rodrol. J'ai donc visité la russlavie, le Belondor, et j'ai fait un court passage au Silverland... Quand la révolution a éclaté les frontières ont été fermé et l'accès au pays était carrémeent impossible. Ce n'est que quand les affrontements se sont arrêtés que j'ai pu regagner le pays, et depuis je reste chez moi."

A ces paroles, Manfred recommença à fumer puis d'un geste de "camaraderie" il présenta le paquet de cigarettes aux deux hommes.

"Ah... Une cigarette?"

Hu-um... fit celui qui lui avait posé la question aprés avoir écouté. Heu oui merci. répondit-il en prenant une cigarette. "Non merci je ne fume pas" dit l'autre.

- Mais de toute façon, nous ne sommes pas venus pour ça. Je vous ai fait marcher, on aime bien rire Gruper et moi ! Ils rièrent de leur 'blague', et de l'air décontenancé de Feodor...

Il posa ses coudes sur la table, et fixa, l'air encore plus sérieux qu'auparavant, le journaliste. Bien, venons-en au fait. Vous savez, il n'est pas trop tard pour agir pour le peuple et le pays. Le régime a besoin d'hommes comme vous, maniant la plume avec la force de leurs convictions. De nouveaux ministères modernes et appropriés au futur prometteur de la nation verront le jour. Le Père du Peuple veut que vous en soyez, au Ministère de l'Information précisément, où la vérité de la réussite de l'Etat né de la révolution sera écrit par vous, et ceux que vous choisirez, afin d'en informer le peuple.

Manfred tendu son briquet et alluma la cigarette au policier avec sourire un peu forcé. Cette proposition ne manqua pas de surprendre le journaliste, il s'attendait, à la mine de ses visiteurs à une arrestation pour une de ses accusations "passe-partout" du genre "complot contre le peuple", "Collaboration avec le tyran", etc, et qui sont d'usage dans l'anarchie qui suit une révolution populaire.
Feodor écrasa sa cigarette dans le cendrier puis s'adossant à son siège il se gratta la barbe d'un air pensif. Valezo s'est montré plus futé qu'il ne l'avait prédis, il voulait le rallier à sa cause et encore mieux faire de sa plume _ qui avait défié l'Empereur au temps de sa gloire _ un outil de propagande. Cette idée à elle seule révoltait Manfred. Mais d'un autre, côté de sa position il ne pouvait défié l'homme le plus puissant du pays.
Dans sa courte réflexion Manfred ne manqua pas de remarquer l'impatience des deux hommes. Il fallait gagner du temps.
Il regarda ses visiteurs d'un air sérieux et dit:

"Tout dabord camarades, sachez que j'ai toujours servis le peuple et mon pays.
Quant à votre proposition, et bien vous me voyez trés flatté... Mais disons j'ai peur de ne pas honnorer ma fonction j'ai donc besoin de quelques temps pour y réflechir... Et demain je communiquerai ma décision à camarade Valezo... En personne."

Et tout de suite le journaliste reprit son sourire accueillant.

Les deux hommes se regardèrent, dubitatifs, un trés court instant, s'interrogeant du regard. Il leur était, pour l'heure, inutile d'essayer de le persuader plus en profondeur, l'homme étant assez malin pour voir tout de suite où était son intérêt....

Bien, voilà une bonne décision, dit le policier en écrasant également son mégot. Il se leva, secondé par le dénommé Gruper, et redressa inutilement son chapeau. Si le Père du Peuple n'a pas reçu votre décision demain avant 19 heures, nous repasserons. Au revoir.

- A bon entendeur, ajouta l'autre.

Ils sortirent, laissant Feodor à son dilemme.

Feodor s'efforça de rester calme face à la provocation des deux hommes et leur répondit par un hochement de tête. Il se demanda quel différence existe entre ces deux "policiers du peuple" et les policiers de l'Empire, Le même despotisme et et les mêmes méthodes d'intimidation.
Le soulagement de Manfred fut bien grand quand il ferma la porte derrière ses détestables visiteurs mais ce soulagement disparu bientôt pour faire place à l'angoisse. Pris entre ses convictions et les menaces du nouvel homme fort de la Dastornia, il était en trés mauvaise posture.
S'il acceptait l'offre ou plutot l'ordre de Valezo ça serait trahir ses principes mais s'il refusait il serait confronté à nouveau au choix de l'exil!
Devant ce dilemme Feodor sentit le besoin pressant de se recueillir et d'être conseillé. Il se rehabilla à la hate et sortit... Direction, le temple Bouddhiniste.

» Feodor Roman Manfred
» Chez Karl Jaken...