Entretien avec le Prince

Les miracles existent. Le Prince Kamil en était un : arrivé au Temple à l'article de la mort, les soins des choesang-infirmiers ont réussi l'exploit de faire tomber la fièvre dès le lendemain, le mettant hors de danger pour l'instant. Mais il était encore faible, très faible...

Malgré quelques problèmes d'approvisionnement, Lajita mit un point d'honneur à ce que son protéger soit suffisamment nourri pour reprendre des forces le plus vite possible. Cette situation ne pouvait plus durer : le Gouvernement Provisoire prenait des mesures folles qu'elle était absolument incapable de contrôler ! Plus vite un nouvel ordre se mettrait en place, mieux ce serait.

Trois jours et trois nuits étaient passés depuis sa discution avec Valezo, quand elle pénétra dans la chambre du Prince. S'il n'avait pas encore la force de se lever, il était bien conscient et capable de s'exprimer sans trop de difficulté. Le Grand Maître congédia les rares personnes autorisées à voir le malade, puis s'assit sur une chaise en face du lit. Un air grave tirait les rides de son visage.

- Bonjour Kamil, dit-elle enfin d'une voix posée. Je m'appelle Lajita Ayushmati, je suis la personne qui dirige l'institut où tu te trouve. Je sais que tu ressors d'une grave maladie, tu as d'ailleurs beaucoup de chance d'être encore en vie, mais si tu t'en sens la force j'aimerais avoir une discution avec toi... conclut-elle en l'interrogeant du regard.

Kamil ne se rappellait plus combien de temps à duré son sommeil cauchmardesque où se répétaient sans cesse des visions de la prise du palais par les révolutionnaires. Des images sanglantes torturaient son esprit affaibli et la voix de son père lui demandant de fuir retentissait douleureusement dans sa tête.
Il se rappellait qu'il avait couru de toute ses forces, à travers les balles, les cadavres, et les cris haineux. Il avait couru lachement, jusqu'à l'épuisement. Il avait couru longtemps avant de retrouver enfin un visage amicale.
Un humble paysan, l'un des rares restés fidèles à l'Empereur lui offrit refuge malgré les dangers que cela représentait. Tout ce que trouva le sujet zelé à offrir au prince fut une cave étroite et sombre où régnait une odeur nausébonde. La santé du prince s'altéra par l'état du lieu et par la peur stressante d'être découvert par les révolutionnaires. Les soins du paysan n'empêchairent pas l'affaiblissement de Kamil qui ne tarda pas à sombrer dans la fièvre.
Il se croyait à jamais pris dans le tourbillon de ses cauchemars, quand la brume à se déssipa lentement et miraculeusemnt... il se réveilla...

Se retrouvant devant le Maitre, il se redressa orgueilleusement, et l'on pouvait voir cette arrogance propre au nobles, illuminer ses yeux mis-clos.

"Je vous permet de m'appeller Votre Altesse Impériale... Que voulez-vous?"

La vieille femme ne cilla pas. De toute évidence, la maladie ne soignait pas l'arrogance de la noblesse. Qu'à cela ne tienne : elle n'était pas là pour prêcher la modestie, aussi hocha-t-elle la tête, en toute simplicité.

- Juste parler, répondit-elle sans prétention. Si vous vous sentez apte à la discution, Votre Altesse ?

"Oui, j'en suis parfaitement capable."

Le prince disait cela d'un air de défie. Il était peut-être le derniers des Novamols, il sentait qu'il étaitd e son devoir honnorer son titre et son nom par une attitude fière face à "l'ennemi", malgré sa fatigue.

"Mais dites moi tout d'abord, qu'a-t-on fait à mon Père, qu'advient-il de lui et des membres de ma famille?!"

La vieille femme marqua une pause, masquant du mieux qu'elle pouvait son malaise par une gravité de circonstance. Ses lèvres s'écartèrent, hésitantes, puis se refermèrent l'espace d'une seconde pour répondre par ces mots :

- Je n'en ai aucune certitude.

Ce qui était tout ce qu'il y a de plus vrai.

- Mais il est très probable, si on m'a bien informée, que votre père ait disparu de la circulation et que votre soeur soit retenue prisonnière par Valezo. Il aurait aussi un certain Nicolas Novamol entre ses mains.

Ce qui n'était vrai que dans un absolu somme toute relatif : tant de rumeurs circulent qu'elle ne savait laquelle croire. S'il fallait toutes leur accorder crédit, le Prince Kamil serait à la fois six pieds sous terre, à la tête d'une guérilla impérialiste et dans les geôles du Palais...

La peur d'avoir perdu son père laissa la place à une rage destructrice dans la tête du prince. Il serra les poings nerveusement et dit dans un élan de colère:

"Si ce scélérat de Valezo touche à un seul cheveu de ma soeur je l'égorgerai!"

Si Kamil ometta de parler de ce Nicolas c'est parce qu'on était pas sûr qu'il portait bien le sang des Novamols. Le jeune homme prétendait être le fils naturel de l'Empereur déchu, mais ce dernier n'affirma pas, ou au moins n'eu pas le temps...
Mais l'idée que sa soeur, sans défence, était entre les mains de ces rebelles, sauvages, ingrats, enragés et par dessus tout commandés par le pire ennemi de l'Empire le mettait dans une rage noire.

- Calme-toi, dit-elle, esquissant un geste apaisant. Je n'ai aucune preuve absolue qu'elle soit effectivement entre ses mains, bien que j'ai mes sources... Mais je devais n'avoir qu'une seule certitude, ce serait la suivante : il a besoin trop besoin d'elle que pour s'en débarasser gratuitement. Si tu me jure devant Dieu, quel que soit le nom que tu lui donne, de rester calme quoi que je te dise, je te dirai certains plans que l'on m'a rapporté.

Posant les paumes de ses mains sur ses genoux, le Grand Maître prit un air de hauteur. Un masque de sérénité voilant quelques vagues appréhentions au moment d'abattre sa première carte.

Le prince se tut tentant tant bien que mal de contenir sa colère. Il Rabaissa son regard d'un air pensif... Que pouvait bien lui apprendre la prêtresse? En tous cas cela avait l'air trés important, beaucoup plus important que son orgueil et ses idées sur l'honneur princier...
Le prince se laissa peu à peu convaincre par la voix de la raison.

Il redressa le regard, fixant le grand maître et dit d'une voix plus calme:

"Je le jure... Alors qu'as tu à m'apprendre?"

La vieille remarqua, non sans un certain plaisir, que le Prince avait renoncé au vouvoiement. Tant mieux, ce serait plus facile, pour elle comme pour lui.

- Valezo, commença-t-elle avec gravité, a des plans concernant l'Empire. Des plans qui nécessitent un monarche, aussi légitime possible de préférence. Il a à sa disposition Nicolas, un enfant qui n'a jamais été officiellement reconnu par ton père, et la jeune Nastasia. Mais j'ai ouï dire que ta soeur était considérée comme... pas assez mâture pour endosser le rôle qu'il attend d'elle. De même pour Nicolas.

Elle s'arrêta alors un instant, hésitante. Mais elle ne pouvait s'arrêter en si bon chemin :

- En l'absence d'Héritier à la fois légitime et compétent, en ton absence, le Père du Peuple aurait envisagé une issue de secours plus que contestable sur le plan moral. N'en veux pas à l'oiseau de mauvaises augures que je suis si je te dis que Nastasia a atteint l'âge nubile, et que Valezo ne manque pas de "personnes compétentes" parmi ses hommes de confiance...

"Tu veux dire que Valezo planifie de marier MA soeur à l'un de ses sbire?!!"

En disant ces mot Kamil tremblait de tout son corps. Il ne voulait pas manifester sa colère mais son corps refusait de lui obéir. C'était tout simplement en dessus de ses possibilités de supporter de tels propos, une telle scélératesse de la part de son ennemi, et surtout une telle humiliation pour sa famille. C'était insupportable pour un homme qui grandi en croyant fortement en sa supériorité et en celle de sa famille.

Kamil essuya de sa main la sueur de son front encore fiévrieux et répliqua.

"... Je crois qu'il n'aura plus besoin de prendre une telle mesure. Il veut un Empereur et je ne crois pas qu'il trouvera meilleur que moi pour cette tâche... Sinon j'aurai été à six pieds sous terre maintenant, au lieu d'être allongé devant toi... N'est-ce pas ?"

Kamil était certes encore vulnérable mais il pouvait déduire que si il est là c'est sûrement avec le consentement des révolutionnaires qui contrôlent le pays entier.

Lajita ne savait de quoi elle devait s'épater le plus : sa propre audace ou le succès immédiat qu'elle lui apporta ? Elle s'était attendue à plus d'hésitations, de scrupules avant de prendre cette décision salutaire pour tous. Elle s'était attendue à devoir évoquer les espoirs de la population, mais l'amour d'une soeur semblait amplement suffisant au Prince pour accorder ce sacrifice.

- Sache que je n'aurais permis aucune action contre toi tant que tu n'étais pas à nouveau valide. Peu importe ce qu'aurait pensé Valezo, à Dastornia un malade sous la protection du Temple le reste jusqu'à sa guérison. Après, je n'aurais rien pu te promettre cependant... Tu as pris une bonne décision, n'en doute surtout jamais, une bonne décision autant pour toi que pour ta soeur ou Dastornia.

Elle se leva alors, posant sur la table de chevet deux flacons.

- Si tu as besoin de repos, voici un somnifère et un calmant. Valezo demandera certainement à te voir mais il vaut mieux que tu ais récupéré toutes tes forces avant de le rencontrer. Il te fera une proposition, sans nul doute, mais si j'étais toi je ne parlerais pas trop vite de ta soeur : il pourrait y voir une faiblesse à exploiter... Mais en attendant ce jour-là, surtout, repose-toi.

"Je l'espère bien..." Dit Kamil, avant de sombrer dans ses pensées. Ces derniers temps, passés dans l'ombre et la clandestinité, firent voir au prince les ennemis partout, même au sein du temple bouddhinste. Mais en ce moment il était forcé de faire confiance au Maître, c'était apprement son unique issu...

Son regard se porta sur les deux flacons. Du poison? Non, on avait beaucoup trop besoin de lui vivant. Il prit donc les deux flacons et les avala puis se glissa dans son lit. La conversation avec Lajita l'avait plus éprouvé qu'il ne l'avait prédit.

Avant de fermer les yeux, le futur Empereur murmura un "merci" timide au grand Maître.

» Demande d'Entretien
» relations avec l'Empire du Belondor
» Discussion avec Claude Paniel
» Relation diplomatique avec le Demonaco rompue